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Nous sommes tous concernés par les biais cognitifs : notre cerveau est facile à « tromper », il suffit d’en connaître les ressorts et de les utiliser pour arriver à ses fins.

L’intention et le but recherché sont donc les premières pistes à explorer : personne ne souhaite que ses propres comportements soient orientés en dehors de sa volonté !

Puisque nous partons du fait que tout est une question de comportements, et que c’est donc là le levier pour atteindre ses objectifs, il ne s’agirait pas de ne pas en avoir le contrôle !

Alors regardons de plus près comment nos comportements, prévisibles, ont pu être préparés.

Que veulent nos gouvernements ? 

Préparer l’après-confinement, la reprise de l’économie, la continuité de l’ordre établi ; sans émeute ni révolte de la part de tous ceux qui sont affectés par cette situation, psychologiquement ou non (insalubrité de leur logement, perte d’emploi, fermer l’entreprise…) et qui critiquent la gestion de cette crise ; il faut absolument contrôler les populations dans ce but.

Que veulent les gens ? 

Pouvoir se loger, eux et leur famille (pour se protéger et se reposer), avoir de quoi manger (sainement de préférence !), entre-autres.

Pour cela il leur faut de l’argent, c’est-à-dire un travail rémunérateur ; mais ils aspirent aussi à une vie libre, où ils ne vivent pas pour travailler mais où ils travaillent pour vivre, ce qui implique tirer de la satisfaction de son travail, des jours de repos, des journées pas trop longues, quelques vacances de temps en temps, quelques plaisirs de temps en temps.

Les biais cognitifs.

Donc, comment préparer cet « après », faire accepter ce contrôle, passer les mesures nécessaires, sans provoquer de réaction opposée ? En préparant les esprits, en utilisant les biais cognitifs de chacun, par des techniques de suggestion par exemple.

Il existe près de deux cent biais cognitifs recensés par Buster et Benson : ce sont des déviations du jugement, des erreurs de perception, d’évaluation, d’interprétation logique : notre cerveau se fait des nœuds, il se laisse aller vers des décisions irrationnelles en cherchant à économiser du temps et de l’énergie grâce à des raccourcis mentaux.

C’est souvent par paresse intellectuelle : on est influencé par ce qu’on a déjà vu, un avis donné juste avant sera plus marquant, proposer une approximation qui n’en est pas une ou bien une généralisation par exemple, ça prend moins de place dans la mémoire… On s’évite un raisonnement analytique qui tiendrait compte de toutes les informations pertinentes et on porte un jugement rapide et intuitif, souvent utile, mais aussi qui nous pousse à prendre des décisions insensées…

Or tout le monde y est sujet, la publicité y fait largement appel (associer une jolie fille dénudée et une voiture, des jeunes pleins de joie et un chewing gum, une femme pataugeant dans le bonheur des tâches ménagères…) ; de même le matraquage publicitaire utilise le biais de répétition, le « nudge marketing » (marketing coup de pouce) utilise nos nombreux biais cognitifs pour vendre en douceur un produit ou un service.

La communication n’est pas loin de la publicité, et surtout elle utilise les mêmes ressorts.

Préparer les esprits.

Revenons à notre question : comment préparer les esprits ?

Si je vous fais peur, les nouvelles sont toutes plus terrifiantes les unes que les autres : allez-vous penser en fonction de vos connaissances ou en fonction de votre peur ?

« La seule chose dont nous devons avoir peur, c’est la peur elle-même ».  Franklin Roosevelt

Si je vous annonce plein de restrictions pour « l’après » : chômage, vaccin obligatoire, géolocalisation permanente (comme un bracelet électronique), surveillance par drones, distanciation sociale, masques obligatoires, plus de teufs, de concerts, de manifs… : quand ça arrivera, penserez-vous « je m’en doutais, j’avais raison de le redouter » et donc vous serez content de ce fait, et vous accepterez le pire ? (c’est le biais de confirmation) Ou bien serez-vous révolté ?

Si je vous donne comme première information « ça va être pire après », chercherez-vous une alternative ? Le croirez-vous ? (c’est le biais d’ancrage : c’est ce qui fait qu’on s’accroche à la première impression)

Si vous entendez des messages de peur sur un ton anxieux, ou des messages de guerre sur un ton autoritaire, votre réaction sera-t-elle de trouver ça cool ou de penser au pire ? (c’est le biais de cadrage : on réagit de la même façon qu’est formulé le message)

Si je vous annonce tous les jours, et même plusieurs fois par jour le nombre de morts, ou bien les mesures anti-libertés qui vont être imposées, en bref que ce sera pire, y serez-vous sensible ? Penserez-vous que la vie sera facile ? (c’est le biais de répétition : par matraquage de l’info, vous y devenez familier)

Si je vous dresse un tableau tout négatif de la situation, serez-vous enclin à l’optimisme ? (c’est le biais de négativité où on est amené à penser le pire)

Avec tout ce que je viens d’énoncer, je ne voudrais pas que vous tombiez dans ce biais, pour l’éviter pensez que le monde est fait de ce qu’on y apporte !

Quand on est abreuvé d’informations détaillées et contradictoires, comme c’est le cas actuellement, c’est la porte d’entrée pour les biais cognitifs : notre cerveau fait le tri, suivant ses croyances et ses peurs, il se focalise sur une information, ou la met de côté, ou la distord car elle ne correspond pas…

Sondages

Nous venons d’avoir les résultats d’un petit sondage que nous avons fait sur twitter :

https://twitter.com/groupe_ault3c/status/1253256267948228608?s=20

twitter.com/groupe_ault3c/status/1253256267948228608?s=ult3c/status/1253256267948228608?s=20Nous voyons ici que la manipulation ou « stratégie du pire » dans ce cas, a été bien faite.

Nous comprenons aussi comment les sondages peuvent nous influencer : ils jouent sur le biais de conformité : quand plusieurs personnes avant moi ont tel avis, je vais prendre plus en considération cet avis… et m’y conformer.

Or, croire que nous n’avons pas prise sur notre environnement et sombrer dans l’inaction, voire dans l’apathie est un piège.

Préparons dès maintenant le monde de demain !

Pour éviter ces pièges, d’abord les voir !

Et c’est le but de cet article…

Quand on tombe une première fois dans un piège, c’est normal, mais on est responsable si on retombe une deuxième fois dans le même piège.

Pour les voir il faut les connaître, ou du moins savoir qu’ils existent et qu’ils sont utilisés.

Ensuite pour se prémunir de certains biais, l’esprit critique, la remise en cause des acquis, de ce qui est dit, est nécessaire : obtenir d’autres informations, de la connaissance, chercher à comprendre par la réflexion et non pas avec des idées toutes faites : nous pouvons par exemple attribuer à nos croyances un pourcentage de fiabilité pour savoir quand douter ou se faire confiance ; un mode de pensée graduel (j’en sais beaucoup / j’en sais peu) plutôt que binaire (je sais / je ne sais pas) nous aidera.

Nous pouvons aussi reconnaître parfois que nous ne savons pas, tout simplement.

Méfions-nous des preuves anecdotiques, des arguments d’autorité, ou encore des fausses équivalences : préférons un doute constructif, tourné vers soi et non pas seulement vers les autres.

Discernons les informations qui nous parviennent en développant nos capacités intellectuelles, tout en sachant que les biais cognitifs sont inhérents à la nature humaine.

Alors, pensez-vous encore que ce sera forcément pire après ?

 

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Déconfinement ? La stratégie du pire, ou la manipulation des biais cognitifs.