« Il n’entend rien, on ne peut rien lui dire, il nie tout, de toutes façons il n’y a que lui qui compte, et en plus si on l’écoute il est toujours meilleur que tout le monde ! »

Si vous en arrivez à vous dire ça, peut être êtes-vous face à un narcissique (homme ou femme) ?

Narcissisme.

Le narcissisme correspond à un trouble de la personnalité, comme étant l’admiration de soi-même.

Le terme vient de la mythologie grecque : Narcisse tombe amoureux de son propre reflet dans l’eau, il tombe et se noie.

Autant il est normal d’avoir une estime de soi raisonnable, autant le sens grandiose de sa propre importance est classé comme un trouble.

Pour pouvoir supporter une personne narcissique (parfois on ne peut pas s’en aller), il est important de comprendre ce qu’il en est.

C’est une volonté excessive d’être admiré qui les pousse à l’égocentrisme, d’où un manque total d’empathie, tout ça pour avoir l’impression d’exister.

La personne est arrogante, intolérante aux critiques, pense que tout lui est dû, se croit supérieure aux autres : elle veut être reconnue pour ce qu’elle est, et non pas pour ce qu’elle fait !

…un manque total d’empathie…

Toujours insatisfaite, en quête de domination, elle est constamment en recherche de stimulation, jusqu’à même apprécier l’agression qui va lui permettre de rentrer en réaction et de « jouer » : dans un premier temps elle provoque l’agression verbale et elle se pose ainsi en victime, l’autre devient donc soit sauveur, soit persécuteur… et les rôles alternent indéfiniment, il n’y a jamais de gagnant à ces jeux-là, seulement des perdants ! Ce sont les jeux psychologiques que décrit Éric Berne dans « Des jeux et des hommes ».

Campant sur leurs positions puisqu’elles ont toujours raison, (elles sont « plus intelligentes », ou «plus instruites », ou « plus malines »…), elles restent dans leurs croyances et se sur-structurent dedans.

…Narcisse tombe amoureux de son propre reflet dans l’eau, il tombe et se noie…

Il suffirait de ne pas rentrer dans ces jeux (puisque maintenant on les connaît !), de rester indifférent à ce genre de personne et ne rien en attendre (pour la reconnaissance, hélas il faudra aller chercher ailleurs !) pour ne pas être affecté par tout ce déballage de belles paroles…

Pervers ?

Cependant, pour assurer sa domination et ainsi répondre à sa volonté exacerbée d’exister, le narcissique use parfois de stratagèmes envers sa victime : elle la manipule habilement. Plus la personne est intelligente, plus habiles seront les manipulations. Et plus la personne avance en âge et donc en expérience, plus les mécanismes sont rodés, affinés et précis, en fonction de la victime : on parle alors d’un pervers narcissique, parce qu’en plus cette personne prend un plaisir pervers à diminuer l’autre en la faisant souffrir et ainsi la dominer de plus haut et garder son emprise pour exister à ses dépens.

Il est donc primordial de reconnaître ces manipulations : on apprend vite à les voir, au fur et à mesure que l’on se fait avoir ! Cela va du mensonge (pour se mettre en valeur, pour ne pas se mettre en défaut, pour monter les uns contre les autres…), à la flatterie (ou « Love bombing ») pour se servir de l’autre, en passant par les colères, les silences, les caprices et bouderies, les cadeaux, les séductions (dire ce que vous voulez entendre), les insultes… Ce que vous avez dit est déformé, sorti du contexte, utilisé pour blesser (ne pas se confier à une telle personne, vos points faibles sont utilisés contre vous), ceux que vous aimez (vos enfants par exemple) sont dénigrés, et vous-même êtes agressé (physiquement ou verbalement) pour vous provoquer émotionnellement, pour obtenir une réaction de votre part ; le moindre prétexte est valable (ne lui coupez pas la parole !) et plus vous réagissez, plus le pervers narcissique attaque, jusqu’à pouvoir s’exclamer « tu vois comme tu es ! »… et il a gagné !

Les causes ?

S’il est certain que les explications à ces comportements se trouvent dans l’enfance (avoir subi de la maltraitance physique et/ou émotionnelle qui éteint toute estime de soi, l’abandon ou simplement l’indifférence qui disent  « tu n’existes pas », ou au contraire avoir été un « enfant-roi » qui pousse au paroxysme l’estime de soi, dans les deux cas cela aboutit à une volonté +++ d’être reconnu pour ce que l’on est), il n’en reste pas moins que tout enfant battu ne devient pas un pervers narcissique et qu’il reste bien responsable de ses actes.

Les ravages.

Et il est aussi certain que les dommages subis par les victimes sont importants, principalement pour ce qui est de sa propre estime de soi : à force d’être rabaissé, dénigré, traité d’incapable… ça laisse des traces ; plus les « jeux » ont lieu tôt (un parent pervers narcissique sur son enfant), plus les séquelles sont importantes et dureront longtemps : il faut être parfait, être gentil, être toujours plus… Et comment exister (volonté inhérente à chacun, issue de l’instinct de survie), comment être soi-même avec de telles personnes ? Ces petits messages appris jeunes pour satisfaire le parent persécuteur pourrissent la vie à la longue.

Une aide est souvent nécessaire pour comprendre ces jeux mêlés au lien d’attachement qui habilement a été serré (le chantage affectif, « telle mère, telle fille », « avec tout ce que j’ai fait pour toi… »), car en plus le pervers narcissique a un double visage : pour leur victime c’est l’enfer, mais pour les relations extérieures, « amis » etc…, ils sont formidables (intéressants, adorables, cultivés, entraînants, séduisants…)

Fuir ou bien…

Alors quand on le peut, il faut fuir ! Car, malgré ses flatteries et promesses diverses, le pervers narcissique ne veut pas changer, parce qu’il ne peut pas : pourquoi vouloir changer alors qu’ils mieux que les autres ? Et puisqu’il ne voit que lui, il ne peut donc accepter les avis d’un autre ; il s’est fabriqué un équilibre artificiel très efficace qu’il ne peut remettre en question, il en va de sa survie : s’il n’a plus de victime, de reconnaissance ou de règles à imposer, que lui reste-t-il ? C’est pour ça que ce n’est pas lui qui partira, vous lui êtes trop utile ! Et jamais il n’acceptera une aide efficace…car il « n’en a pas besoin, c’est vous qui êtes malade…! ».

…Il est donc primordial de reconnaître ces manipulations : on apprend vite à les voir, au fur et à mesure que l’on se fait avoir !…

Si vous ne pouvez pas partir (attention, pas de fausses excuses), vous l’avez compris rien ne sert de discuter, vouloir donner un avis contraire, vouloir partager quoi que ce soit : préférez avoir la paix plutôt qu’avoir raison ! Décortiquez ses « jeux » pour ne pas tomber dedans, ne donnez pas matière à vous faire démonter : pas de confidence qui pourrait être utilisée, pas de critique ou même humour qui pourrait l’offenser, pas de justification qui entraînerait une argumentation sans fin. Reconnaissez ses mérites (ce qu’il fait de bien), mais ce n’est pas la peine d’abonder dans ses autosatisfactions ! Vous pouvez aider quelqu’un qui veut de l’aide, mais vous ne pouvez pas sauver quelqu’un qui n’en veut pas.

N’oubliez pas la phrase de William Gibson : « Avant de vous diagnostiquer comme dépressif ou en état de faible estime de vous-même, commencez par vous assurer que vous n’êtes pas juste, en fait, entouré par des trous du cul. »

Et si vous avez une très haute estime de vous, connaissez-vous le biais cognitif de la tâche aveugle ?

Pour discerner à qui on a à faire, peut-être faudrait-il parfois se demander pourquoi on fait ou dit ceci ou cela, quelle est l’intention première, à propos de soi-même (qui suis-je ?), avec sincérité, sans se mentir : attention un pervers narcissique excelle dans le mensonge parce qu’en premier lieu, il se ment à lui-même ;  et aussi bien évidemment se le demander à propos de l’autre (quelle est son intention, qui est-il ?) : est-ce pour se mettre en valeur, utiliser l’autre ou le détruire ? Ou bien c’est pour aider, pour construire ou avancer ?